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Vous l'avez remarqué, quand je parle, je fais beaucoup de "heu". Pendant très longtemps, je pensais que c'était quelque chose d'humain, que tout le monde faisait ça naturellement. Et bien au Japon, personne ne fait des "heu" - les japonais font "eeto". Cette petite découverte m'a fait réaliser à quel point on peut tenir pour acquises des choses qui nous paraissent évidentes.

Dans ce nouvel épisode, je vous raconte comment mon voyage au Japon m'a inspiré une réflexion sur la déconstruction des normes. Que vous soyez développeur·se ou entrepreneur·se, il y a une leçon importante à tirer : on apprend des choses qui nous paraissent évidentes, mais c'est souvent intéressant de se demander si c'est vraiment normal, si on pourrait faire autrement, et si d'autres personnes font déjà différemment.


Notes de l'épisode

Le déclic du voyage au Japon

Mon récent séjour au Japon m'a ouvert les yeux sur de nombreuses différences culturelles qui remettent en question nos "évidences" :

  • Les interjections d'hésitation ("eeto" vs "heu")
  • La conduite à gauche
  • L'usage des baguettes
  • Le respect absolu des feux de signalisation
  • Les distances interpersonnelles dans les transports
  • Les façons de saluer et de s'excuser

Ces différences m'ont permis de remettre le doigt sur le fait qu'il existe des normes sociales partout, qui nous aident à communiquer et faciliter la vie, mais qui sont tellement omniprésentes qu'on oublie qu'on pourrait souvent faire autrement.

La déconstruction du modèle startup

L'exemple le plus frappant de cette remise en question des normes, c'est la création d'Human Coders avec Matthieu Segret. À l'époque, j'évoluais dans l'écosystème startup et j'avais intégré comme "normal" le fait de :

  • Lever des fonds
  • Viser une croissance rapide
  • Accepter la pression des investisseurs
  • Sacrifier sa liberté pour la "réussite"

Mais en observant mes ami·e·s entrepreneur·se·s qui avaient "réussi" selon ces critères, je me suis rendu compte qu'il·elle·s n'étaient souvent pas heureux·ses. La levée de fonds créait une pression énorme, la croissance rapide était difficile à gérer, et il·elle·s perdaient énormément en liberté.

Les règles qu'on s'est fixées

Avec Matthieu, on a décidé de faire différemment dès le début pour Human Coders :

  • Pas de burn-out comme objectif
  • Pas de levée de fonds (ce qu'on n'a jamais fait)
  • Ne pas travailler les week-ends ni le soir
  • Droit de véto mutuel : on peut s'interdire l'un l'autre de travailler quand on voit que l'autre est fatigué
  • Mise en place de "semaines off" régulières, même quand la société n'était pas encore rentable
Séance de travail avec Matthieu en 2017

L'influence de "La semaine de 4 heures"

Le livre de Tim Ferriss a été un déclencheur important, même si j'ai détesté la plupart de ses solutions (délégation à Madagascar, report des problèmes sur d'autres). Mais les problèmes qu'il soulevait étaient pertinents et nous ont aidés à réfléchir différemment à notre organisation.

Les résultats

Cette approche "anti-startup" nous a demandé beaucoup d'efforts et de remise en question, mais ça a été la meilleure décision qu'on ait pu prendre. La boîte existe toujours, on est très libres de notre temps, et on a prouvé qu'on pouvait réussir autrement.

Ce qu'il fallait retenir

"Il y a certaines choses où juste parfois, j'oublie que des gens pourraient faire autrement."
"Je pense qu'il est bon de régulièrement, quand il y a quelque chose qui nous paraît tellement évident, le questionner"

Points clés à retenir :

  • Les normes culturelles et professionnelles ne sont pas universelles - voyager ou changer de contexte peut révéler d'autres façons de faire
  • Le modèle startup "classique" (levée de fonds, croissance rapide, pression) n'est pas la seule voie
  • Il est possible de construire une entreprise prospère en privilégiant la liberté et l'équilibre de vie
  • Remettre en question les évidences demande du courage et de la persévérance, mais peut mener à de meilleures solutions
  • Que vous soyez développeur·se ou entrepreneur·se, il existe des normes sur les choix technos, les façons de travailler, les relations professionnelles - tout peut être questionné
  • Le voyage (ou tout changement de contexte) est un bon moyen de prendre du recul sur nos habitudes
"On n'est pas obligé de tout changer tout le temps, mais on peut juste se dire : c'est bien, tout le monde fait comme ça, mais est-ce qu'il y a une bonne raison ou est-ce que c'est juste une norme ?"

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