Je suis en train de quitter progressivement un maximum de services Google, notamment pour la protection de la vie privée. Un des changements les plus complexes a été de sortir du service de messagerie gratuit proposé par Google. Je vous explique aujourd'hui comment je suis sorti de Gmail.

Les origines de Gmail

Gmail beta

Le service Gmail a été lancé par Google en 2004 sur invitation. L'interface était assez révolutionnaire pour l'époque, plutôt épurée et réactive (grâce à l'AJAX). Le service proposait 1Go d'espace au début et Google l'a progressivement fait augmenter.
Pleins d'arguments qui m'ont fait craquer à l'époque. Avoir une adresse @gmail.com, c'était hype !

Google a fait le choix de mettre des publicités ciblées AdWords. Ces publicités textuelles sont choisies en fonction du contenu de vos mails, de vos recherches... Pour cibler la pub, Google a besoin d'informations. C'est la raison pour laquelle, Google analyse le contenu de vos e-mails (et votre historique de navigation et autres).

Nos systèmes automatisés analysent vos contenus (y compris les e-mails) afin de vous proposer des fonctionnalités pertinentes sur les produits, telles que des résultats de recherche personnalisés, des publicités sur mesure et la détection des spams et des logiciels malveillants. Cette analyse a lieu lors de l'envoi, de la réception et du stockage des contenus.

Règles de confidentialité et conditions d’utilisation de Google

70,9% des revenus publicitaires de Google provient de ses propres sites. Autant dire qu'avec ces 1,5 milliard d'utilisateur·rice·s, Gmail a du devenir une source importante de revenus (et de données). Cela explique sûrement l'énergie que Google a pu mettre dans le développement et le marketing de Gmail.

Le piège du @gmail.com

Ce qui a rendu l'opération compliquée, c'est le fait d'avoir utilisé une adresse en @gmail.com. Si c'était à refaire, je prendrais tout de suite un nom de domaine et un hébergeur afin de rester libre.

En effet, si on utilise un nom de domaine perso pour ses mails (ex: @camilleroux.com), c'est très facile de changer d'hébergeur. Il suffit de transférer ses données, modifier ses DNS et c'est fait ! C'est transparent pour toutes celles et ceux qui m'écrivent.

En revanche, en utilisant une adresse de type @gmail.com, si on veut changer d'adresse, il faut aller la modifier partout où on s'en sert. Croyez-moi quand on l'a depuis presque 12 ans, c'est pas fun à faire !

Le choix du remplaçant

J'ai testé quelques services de messagerie. Je voulais que la protection de la vie privée soit une priorité pour le service. L'interface avait peu d'importance car j'utilise un client mail (Spark).

Je me suis rapidement concentré sur les 2 services qui étaient le plus souvent conseillés et qui correspondaient à mes critères : FastMail (lien affilié) et ProtonMail.

ProtonMail a le gros avantage de proposer du chiffrement de bout en bout (en se basant sur OpenPGP). Pour cela il suffit d'utiliser leur interface, leur bridge IMAP/SMTP... Cela n'a d'intérêt que si on écrit régulièrement à des gens qui eux aussi utilisent PGP.
De plus, ayant plusieurs boites mail, j'ai besoin d'un client pour toutes les gérer ensemble, ce qui n'est pas très faisable avec Proton.
Pour les curieux·se·s, FastMail explique sur leur blog pourquoi ils ne proposent pas PGP.

Je voulais avoir plus de 8Go d'espace (j'occupais 7Go sur Gmail). Je voulais également être assez libre au niveau des alias et des domaines.
L'offre à 5$/mois de FastMail me permettait d'avoir 25go, autant d'alias et de domaines que je voulais, un catch-all...

Pour avoir quelque chose d'équivalent chez Proton, j'aurais été vite à plus de 10€/mois. Je serais toujours à même de faire cette migration plus tard si je le souhaite.

Au revoir Gmail ! (depuis FastMail)

La migration vers FastMail

La première étape a été de créer mon compte FastMail, puis de le configurer. Ensuite, j'ai importé mes mails et calendriers en suivant leur guide. L'import a duré plusieurs heures. A la fin, j'avais la plupart de mes mails en double, mais en échangeant quelques mails avec le support, tout est revenu dans l'ordre rapidement.

Enfin, il ne me restait qu'à rediriger tous les mails reçus sur mon adresse @gmail.com vers la nouvelle.

Redirection des e-mails Gmail vers ma nouvelle adresse

À présent, je pouvais utiliser ma nouvelle adresse librement et tous mes mails Gmail arrivaient sur ma nouvelle adresse.

Il ne me restait plus qu'à changer mon adresse sur les différents services que j'utilise et prévenir mes contacts, afin de ne plus recevoir aucun mail.
Je n'ai pas encore fini ce travail. Dès que c'est fait, je supprime mon compte Gmail définitivement !

Supprimer un compte Gmail

Bonne pratique pour les alias

Maintenant que j'utilise mon nom de domaine, je peux utiliser les alias, le catch-all et le sous-adressage (login+<service>@).
En discutant sur Twitter avec vous, certain·e·s m'ont donné de bonnes idées, comme par exemple :

Je suis parti sur une stratégie similaire. Cela permet de filtrer et trier facilement les e-mails qu'on reçoit. Cela est très utile aussi, en cas d'e-mails indésirables, pour savoir qui a donné mon adresse e-mail.

Après quelques mois d'utilisation...

J'utilisais déjà un client mail autre que Gmail, le changement s'est donc fait de manière transparence. La migration a été assez simple. Tout marche parfaitement depuis !
Il ne reste plus qu'à faire la même chose chez Human Coders et MerciCookie, où j'utilise Google Apps ! (je vous raconterai ça dans un autre article si ça vous intéresse)

Pour celles et ceux qui sont sensibilisés à la protection de leur vie privée, je vous invite à lire comment je suis sorti des autres services de Google. Vous y trouverez aussi une liste de lien pour trouver l'alternative qui vous convient le mieux.